Lâcher du lest
CAMPER SUR SES POSITIONS A SES LIMITES
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La tête entre les mains, Romain attend, dans son véhicule de société blanc garé à l'entrée d'un champ, que sa migraine se calme. Depuis deux jours, il vit un enfer et les antidouleurs sont d'une efficacité de courte durée. « Dis-moi, Romain, il y a une situation qui te prend la tête pour avoir une telle migraine. Qu'est-ce qui ne va pas ? », lui a dit au téléphone hier soir, Coline, une amie très encline aux médecines douces.
Le jeune technico-commercial de 26 ans n'avait pas envie de discuter et a évité le sujet. Au bout de deux tentatives de relance, l'amie a lâché prise. Voilà, lâcher prise. Deux mots qu'il se répète régulièrement, mais rien n'y fait. Il ne sait pas lâcher prise. Surtout avec Alexandre, en Gaec avec son frère et un jeune voisin. Depuis un mois, il essaie de le persuader de faire évoluer son assolement en y introduisant des lentilles. Mais le jeune agriculteur ne veut rien savoir. Et depuis quelques jours, Romain rumine la situation du matin au soir. « Coline a bien raison, je ne sais pas laisser tomber et passer à autre chose. Tant que je n'arrive pas au résultat escompté, j'insiste. »
C'est en soupirant qu'il sort de son véhicule, une fois dans la cour de Martin, éleveur de magnifiques Limousines.Ah çà ! il les bichonne ses allaitantes. Et c'est un plaisir de bosser avec lui. Toujours prêt à tester un nouveau mélange fourrager ou une culture qui peut réduire sa dépendance en protéines pour nourrir son troupeau surtout en période hivernale.
« Salut Romain, tu as une petite mine. Un collègue t'a fait des misères ? », lance Martin avec un grand sourire. « Oh, une broutille... Parle-moi plutôt de ta décision pour introduire de la chia dans ton assolement. » Le jeune exploitant le regarde quelque peu amusé, tout en frottant sa barbe naissante. « Ah toi, tu ne lâches pas ! Quand tu as une idée en tête ! Je n'ai pas envie de me lancer dans une telle culture. Même si la marge est intéressante et l'idée de produire des protéines végétales pour l'alimentation humaine, séduisante. »
Devant la mine contrite du jeune technico-commercial, Martin se radoucit. « Allez, décompresse, accepte que tout ne peut pas se réaliser comme tu le veux. Mais si tu as une nouvelle idée pour les protéines de mes bêtes, je suis preneur ! »
Hélène Laurandel
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